Depuis le lancement des travaux sur la piste 4 de l’aéroport d’Orly, les habitants des communes généralement non survolées subissent d’importantes nuisances. Toutes les 2 à 5 minutes, un avion passe à l’aplomb de certains quartiers. Reportage.

16h37, 16h39, 16h41, 16h43… Le goûter se prend dorénavant en compagnie des avions à Athis-Mons. Depuis le 25 juillet, date du lancement des travaux de mises aux normes européennes sur la piste 4 de l’aéroport d’Orly, nécessitant l’utilisation de la piste de secours, c’est le même manège dans le ciel essonnien. En moyenne toutes les deux à cinq minutes, un avion survole les maisons et immeubles des quartiers d’ordinaire si calmes. « Le premier jour c’était l’enfer de 6 heures à 23 heures, se souvient Nelly, une jeune maman de 32 ans. Les avions passent tellement bas que je me suis demandé s’ils n’allaient pas toucher le toit de mes voisins. Mes filles s’amusaient à faire coucou aux passagers. »

Un été passé les fenêtres fermées

Seule astuce pour éviter ces nuisances, se cloîtrer à l’intérieur. « Nous sommes obligés de tout fermer. Heureusement que nous avons du double vitrage, explique la jeune femme. Le plus gênant reste le bruit, mais je me demande aussi si, en termes de pollution, ce n’est pas dangereux pour mes enfants. »
Quelques kilomètres plus loin, dans un appartement de Juvisy-sur-Orge, Christine, la soixantaine, subit elle aussi le passage incessant des avions. « Samedi, j’ai invité des amis à prendre l’apéro, raconte-t-elle. Nous avons dû fermer les fenêtres pour nous entendre. D’habitude, j’adore organiser des barbecues sur ma terrasse, cet été je préfère manger à l’extérieur. » Pour pouvoir suivre son émission à la télévision, Christine ne peut plus lâcher sa télécommande. « J’ai l’impression de passer pour une sourde dingue, en rigole-t-elle. Dès qu’un avion arrive, je monte le son au maximum, pour le redescendre une fois son passage terminé. A la fin, j’en ai marre, et je laisse super-fort. »

Morsang-sur-Orge, le 7 août. Des applications permettent de connaître en temps réel l’heure de passage, l’altitude et le son d’un avion. LP/N.C.

Le couvre-feu scrupuleusement surveillé

Marc, 65 ans, et Stéphanie, 41 ans, sont tous les deux devenus accros aux applications qui permettent de connaître en temps réel l’heure de passage, l’altitude et le son produit par un avion. Ces deux voisins de Morsang-sur-Orge ne supportent plus ces survols. « Je suis venue ici pour être au calme, regrette Stéphanie. Le pire ce sont les atterrissages, car ils passent entre 350 m et 450 m. Pour les décollages, ils mettent les gaz pour monter très vite, ils sont déjà à 1 000 m quand ils volent au-dessus de nos têtes. » Tous deux dénoncent un bruit permanent. « Le problème c’est que nous les entendons arriver de loin, indique Marc. Le premier nous a à peine survolés qu’on entend déjà le second arriver. Et c’est comme ça toute la journée. Ça en devient épidermique. »
Le soir venu, les yeux rivés sur leur téléphone, les deux amis surveillent que le couvre-feu, établi à 23h30, est scrupuleusement respecté. A ce jour, seuls deux décollages de vols commerciaux l’ont dépassé, le dimanche 30 juillet. Afin que cela ne se reproduise pas, Jean-Marie Vilain, maire (UDI) de Viry-Châtillon a adressé un courrier à la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) et au groupe Aéroport de Paris réclamant que « les compagnies aériennes concernées soient fermement sanctionnées. » Les travaux doivent durer jusqu’au 31 août.

Morsang-sur-Orge, le 7 août. Difficile pour les riverains de profiter de leur jardin, lorsqu’un avion le survole toutes les 5 minutes LP/N.C.