On aurait pu la croire dépitée et triste. Elle se dit pourtant « contente » de se lancer dans une nouvelle aventure. Vendredi, Danielle Londero a fermé définitivement les portes du Dé d’Argent,
la mercerie qu’elle a tenue durant 29 ans au bord de la N7 à Athis-Mons. Cette propriétaire se trouvait sous le coup d’une expropriation en raison du futur chantier de prolongement de la ligne T7 du tramway. La ligne relie pour le moment Villejuif (Val-de-Marne) à Athis-Mons, mais doit s’allonger jusqu’à la gare de Juvisy d’ici 2021. Les travaux commenceront en 2018 selon la RATP.
Poussée dehors, Danielle fait preuve d’un dynamisme à toute épreuve. Elle a décidé de poursuivre son activité, mais d’une autre manière : elle sera bientôt itinérante. « Un graffeur de Viry-Châtillon va repeindre mon camping-car, comme cela on me verra de loin », sourit celle qui garera son véhicule réaménagé sur le marché de Gravilliers, à Athis-Mons, le premier dimanche du mois de février. « Je déplacerai ma boutique roulante au gré des communes qui m’accueilleront », explique-t-elle.
« C’est le flou le plus total »
Ses désormais anciens voisins n’ont pas le même optimisme. Certains devront bientôt mettre à leur tour la clé sous la porte avant que les travaux du T7 commencent. C’est le cas de Jean-Louis, 50 ans, qui vend et répare des télévisions depuis 32 ans. Autour de sa boutique, les appartements condamnés et les fenêtres murées laissent entrevoir le grand chambardement à venir.
« Pour l’instant, on ne sait rien de rien, c’est le flou le plus total, s’insurge le réparateur. J’espère juste que je serai dédommagé comme il se doit. » « Dans 95 % des cas, les choses se passent bien, assure Ile-de-France Mobilités. Nous prenons le temps de discuter pour trouver un accord à l’amiable et les gens sont bien indemnisés. »
Monique n’est pas commerçante. Mais, à 74 ans, elle espère aussi obtenir beaucoup des négociations financières à venir. Les premiers échanges n’ont pour le moment pas comblé cette propriétaire d’un immeuble de sept appartements, dont six en location.
« Je sais que je vais devoir partir à un moment donné, mais je ne veux pas que l’on me donne une poignée de cerises, fulmine-t-elle. J’ai travaillé toute ma vie pour ce bien, j’ai tout refait, la toiture, les appartements, il y a eu deux ravalements, je demande juste mon dû, c’est-à-dire l’équivalent de ce que je vais perdre. »
Marc n’aura pas à négocier. Pourtant situé à quelques pas de là, son magasin de moto ne figure pas sur le tracé du futur prolongement du tramway. Mais l’avenir ne s’annonce pas reluisant pour autant. « Cela va être le bazar pour bosser, avance-t-il. Ils annoncent plusieurs années de travaux. »