A la fois au cœur et à l’écart du reste de la ville, cet espace marqué par le temps pourrait avoir un tout autre visage d’ici quelques années. Les habitants de la commune sont invités à se prononcer sur le projet dont voici les grandes lignes.
C’est un poumon vert de 33 ha aux portes de l’aéroport d’Orly. Un quartier construit sur le modèle des cités-jardins anglo-saxonnes d’après-guerre, laissant la part belle à la nature. Depuis deux ans, la municipalité d’Athis-Mons planche sur la reconversion de la Cité de l’Air en vaste écoquartier qu’elle veut « contemporain » et « exemplaire ». Un projet qui nécessite la création d’une zone d’aménagement concerté, dont l’impact environnemental est soumis à la population jusqu’au 23 novembre*.
Bâties à la fin des années 1940 pour servir de logements provisoires aux travailleurs d’Orly, les 300 habitations sont aujourd’hui propriété de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) et du bailleur I3F. « Un important taux de vacance des logements, souvent dégradés, est observé dans ce quartier qui rencontre par ailleurs d’importants problèmes de squat », pointe l’étude sur l’avenir de cette cité vieillissante.
Un cadre de vie à préserver. Actuellement, les logements sont essentiellement des pavillons à la hauteur limitée, bâtis en retrait des routes, avec des jardins restés pendant longtemps ouverts et entourés d’arbres et d’espaces verts publics. Avec même des arbres remarquables recensés. Pour garder cet esprit ouvert, les clôtures seront interdites dans le futur quartier, et des îlots de verdure collectifs préservés. Des espaces de rencontre, de détente ou de pique-nique seront créés. La circulation des voitures sera restreinte, la vitesse limitée et les circulations douces privilégiées. Il est prévu deux places de stationnement par logement, en sous-sol, avec des bornes pour les véhicules électriques.
« Notre vie est ici, nous ne voulons pas partir »
Athis-Mons, samedi 28 octobre 2017. Angelo habite la cité de l’air depuis un demi-siècle et ne veut pas quitter ce quartier paisible ayant vu ses enfants grandir. LP/Gérald Moruzzi
En circulant dans les rues de la Cité de l’Air, ce qui frappe d’emblée, c’est le silence. Les avions décollant de l’aéroport d’Orly tout proche, Danielle, 73 ans, n’y fait même plus attention. « Avec le temps, on s’est habitués », sourit cette habitante de la Cité de l’Air, perturbée par d’autres bruits, venus de la mairie. Les contours du projet de reconversion de son quartier sont encore bien flous dans son esprit. « Nous aimerions avoir enfin des informations claires sur notre avenir », s’empourpre cette retraitée.
A l’image de certains voisins, Angelo, son mari, a effectué toute sa carrière professionnelle chez Air France. A l’évocation de la destruction possible du pavillon qu’ils occupent depuis un demi-siècle, ce membre de l’association des riverains de la Cité de l’Air (Arca) précise sans hésiter : « Nous sommes prêts à nous défendre. »
« Continuer à se réveiller avec le chant des oiseaux, au milieu de la verdure », voilà tout ce que souhaite ce couple profondément attaché à ce quartier à l’écart du tumulte de la ville. « Nos deux enfants ont grandi ici, nos petits-enfants y ont joué », souligne Danielle. « Notre vie est ici, nous ne voulons pas partir », résume Angelo. Il préférerait que les pavillons soient plutôt réhabilités. « Certains sont inoccupés depuis des années, et parfois ils sont squattés », glisse-t-il, avant de refermer sa fenêtre.
Une urbanisation limitée. Le projet prévoit en moyenne 42 logements par hectare, contre 52 dans l’écoquartier des Docks de Ris-Orangis ou 57 dans celui de Brétigny-sur-Orge. Et deux-tiers de la surface de la Cité de l’air seront dédiés aux espaces verts. Dans ce projet, « la mixité sociale est un élément fort ». La ville ciblant des profils d’habitants très variés : jeunes actifs, familles avec enfants, personnes âgées, ménages à faibles revenus… Et pour éviter « une ségrégation sociale », chaque îlot du quartier mélangera des logements collectifs et individuels.
Un quartier écolo… contemporain. La place de la voiture se limitant à l’accès aux parkings, les circulations douces seront reines. La rue Launay sera dédiée aux piétons. Un axe Nord-Sud reliera notamment les stades et les équipements scolaires. Le long des axes de desserte, le projet prévoit des services et commerces de proximité. Mais aussi un marché, un verger partagé, un cabinet médical, une résidence pour seniors, des services d’aide à la personne, une maison de quartier, des bureaux, etc. Côté structures publiques, la ville envisage aussi la réalisation d’équipements pour accompagner l’arrivée de nouvelles populations.
La concertation débutant cette année, le calendrier prévoit la livraison d’une première phase en 2024 et l’achèvement de l’écoquartier en 2027.
Dossier disponible sur le site de la ville www.mairie-athis-mons.fr ou en mairie le lundi, mardi, mercredi et vendredi, de 8h30 à 12h30 et de 13h30 à 18 heures, le jeudi de 10 heures à 12h30 et 13h30 à 18 heures, et le samedi de 8h30 à 12 heures.