Le 14 juin
dernier, s’est tenue la 6ème édition de Paris Air Forum.
Organisé par
le Groupe ADP, le quotidien «  La
Tribune »
et
Forum Media, Paris Air Forum réunit  une succession
de  débats et de conférences faisant intervenir les personnalités qui font
l’actualité, grands décideurs et experts des secteurs aéronautique, défense et
spatial. L’objectif : décrypter les enjeux du présent et de l’avenir pour mieux
aborder les défis de demain.
Notre envoyée spéciale s’est concentrée sur les tables rondes pouvant
intéresser les habitants qui vivent à proximité d’Orly :
 
 
Ø Table ronde « le
transport aérien de demain en France »
 

Après avoir insisté sur l’échec des assises
du transport aérien1
 dont les professionnels attendaient au
moins une baisse des cotisations et l’application de promesses, les
participants à cette table ronde (
Fédération Nationale
de l’Aviation Marchande-FNAM-,
EasyJet- compagnie anglaise, 2ème
compagnie en France-, Flyfrenchbee et
Union des Aéroports français-UAF-) constatent que la France est insuffisamment desservie et qu’Air France
ne s’est pas positionnée sur les vols nationaux.

Pourtant, la déferlante des low-cost va se
poursuivre car elle répond à une demande croissante des clients, actuellement,  en faveur d’EasyJet et de Ryanair ce qui
fragilise le pavillon français -Air France- qui tente le rattrapage avec
Transavia.

Toutes les compagnies aériennes cherchent
à réduire les énergies carbonées
qu’elles consomment. Il semble acquis qu’elles veulent parvenir à la neutralité carbone en 2050. C’est, au
moins, l’engagement qu’elles ont pris au n
veau international. Les intervenants
remarquent que le transport ferré reste couteux en électricité.
 
Eu égard au progrès sur les moteurs
d’avions, ils observent, ensuite, que l’augmentation du nombre de passagers n’a
pas engendré une hausse des nuisances
sonores
.
 
Enfin, les compagnies soumises à la taxe de solidarité aimeraient qu’elle soit ciblée et parvienne réellement
aux intéressés ce dont elles doutent
(Taxe prélevée sur le prix des billets pour financer UNITAID, organisation internationale
d’achats de 
médicaments, en particulier
à destination des 
pays en voie de développement).
 
1 Les assises : en France, la croissance mondiale du
trafic aérien reste  fragile. Les compagnies
aériennes françaises, depuis 20 ans, perdent des parts de marché dans un
contexte extrêmement concurrentiel, face à des transporteurs étrangers
(compagnies du Golfe) qui jouissent de règles fiscales et sociales plus
favorables. Par ailleurs, la croissance du trafic aérien nécessite un développement
plus durable, notamment en faveur des riverains des aéroports.
 
 
 
Ø Table ronde « CO2,
le bruit et l’emploi »
 
(Etonnamment, il ne fut jamais question
ni du bruit, ni de l’emploi à cette table ronde. Habituellement, chacune
d’entre elle donne lieu à un débat avec la salle. Ce débat n’eut pas lieu …)
Edward Arkwright (n° 2 d’ADP) expliqua que le nouveau
terminal de Roissy-CDG sera ouvert en 2028 et que CDG a accueilli 73 millions
de passagers en 2018 et Orly, 32 millions. Il pense qu’un effort de pédagogie sera une solution suffisante face aux
difficultés rencontrées avec les populations riveraines.
 
Quant à
l’emploi, c’est d’un revers de langage qu’il exclut le sujet : la
communauté aéroportuaire n’est pas organisée pour gérer l’emploi : il y a
trop d’entreprises sur une plate-forme !
Dick Benchop de l’aéroport d’Amsterdam préconise une
utilisation du train pour des destinations qui se trouvent à moins de 500 km
d’Amsterdam. Il explique que les carburants
bio sont la réponse aux impératifs du changement climatique
(kérosène
synthétique, hydrogène, avion électrique ou hybride, agro carburant agricole ou
forestier, algo carburant qui pourrait se développer d’ici 10 à 20 ans,
utilisation des déchets agricoles et municipaux…). Ils remplaceraient les
carbonés fossiles : pétrole, gaz et charbon.
John Holland-Kaye de l’aéroport de
Londres Heathrow (1er aéroport européen) se félicite qu’Heathrow
soit classé parmi les meilleurs aéroports du monde et espère une rapide
extension de cet aéroport qui est, aujourd’hui, au maximum de sa capacité. Il
espère que l’avion électrique sera une alternative au carburant carboné pour
les petites distances.
 
Le sénateur de Seine St Denis, Vincent
Capo-Canellas, souhaite que la croissance du transport aérien s’accompagne d’un
souci de diminution des nuisances et espère que l’avenir verra une totale remise
en question des pratiques.
 
 
Ø Table ronde « Plus
d’avions, moins de pollution : mission impossible ? »
 
Le trafic aérien est multiplié par 2 tous
les 15 ans. Les compagnies aériennes s’organisent pour qu’il y ait 50% de
pollution en moins en 2050 de par leur activité, tout en améliorant les
performances énergétiques.
 
Stéphane Cueille, directeur R&T et innovation de Safran
est très clair : il n’y aura pas
d’avion électrique disponible dans l’aviation commerciale en 2050. L’innovation
indispensable n’existe pas encore aujourd’hui
. Ce sera sans doute possible
mais sur de très courtes distances et avec de très petits avions :
aéronefs de livraison sans passagers à bord, drones urbains et péri urbains, navettes
entre centres urbains et aéroports type taxis volants.
L’hybride est difficilement envisageable car cela alourdit l’avion et reste
trop cher. D’ici 2035, une assistance électrique est possible avec seulement un
gain de 15% sur les moteurs. La décarbonisation du carburant semble la solution
préférée des compagnies aériennes.
 
La part de bio carburant dans le monde s’élève, aujourd’hui,
à 0,04% ! Ils restent très chers à produire et posent le problème de la concurrence
avec les terres cultivables destinées à l’alimentation des populations.
Les groupes pétroliers n’ont cependant pas l’intention de
changer les choses, et la hausse des prix rend difficile pour les compagnies
aériennes de dégager des marges budgétaires suffisantes pour assurer leur
transition énergétique. Bonne nouvelle toutefois : Air France a annoncé la
suppression totale des plastiques.
La pollution
aux abords des aéroports reste préoccupante : CO2, particules ultra fines,
dioxyde d’azote responsable de troubles respiratoires, trainées de condensation
… Si l’utilisation de l’hydrogène progresse, il faudra tenir
compte des conséquences des émissions de vapeur d’eau.
Ø Table ronde « les
voitures volantes vont-elles vraiment décoller ? »
On est ici en pleine période de concept.
 
La Direction générale de l’aviation
civile- DGAC- n’autorisera le transport de passagers que lorsqu’elle aura la
certitude d’obtention du même niveau de sécurité. Les conditions de sûreté devront
être calquées sur l’aviation commerciale quant au survol des zones urbanisées,
aux règles imposées dans les cas d’urgence et des trajectoires séparées de
celles des avions commerciaux devront être définies. Assurément, règlementation
suivra le besoin, toutefois, il persiste une interrogation concernant le cas
des appareils sans pilote.
 
Interrogation, également, sur l’acceptabilité sociale de ces engins
rappelant que les hélicoptères sont mal acceptés en milieu urbain. A ce stade, l’impact sonore reste inconnu. Uber
assure qu’il ne dépassera pas le bruit urbain.
 
Uber aviation développera des taxis volants électriques à
décollage vertical avec des gares – les
vertiports-
et des connexions précises. Les premiers sont en réflexion à Los
Angeles, Melbourne et Dallas.
 
La vitesse atteindra 220 à 230 km/h pour un tarif n’excédant
pas le cout d’un taxi au sol, avec un maximum de 5 passagers à bord. Uber
prévoit de créer les premiers vertiports d’ici 5 à 10 ans (sur des parkings,
des immeubles…). Ces engins voleront à
1600 pieds soit environ 500m
.
L’appareil sans pilote est à l’étude.