Toutes les nuits depuis 6 mois, des hommes sont descendus à 10 m de profondeur pour « grignoter » à l’aide de cutter et de crochet l’impressionnant amas de détritus qui s’est créé dans un collecteur des eaux usées à Vigneux-sur-Seine.
Un amas de détritus de 16 m de haut pour 2 m de diamètre, constitué de serpillières, de serviettes hygiéniques, de couches, ou encore des lingettes jetés dans les milliers de logements alentour. Une « torche » de déchets lourde de 60 t a été découverte il y a quelques mois par le syndicat de l’Orge dans un siphon du collecteur d’eaux usées passant sous la Seine, au niveau de Vigneux-sur-Seine.
Ce tas massif d’objets qui n’auraient jamais dû finir au tout à l’égout (lire encadré) gênait l’écoulement des eaux usées et menaçait à tout moment de créer un important bouchon, qui aurait provoqué un déversement des eaux usées dans la rivière. Depuis, des hommes sont à pied d’œuvre pour détruire ce monstre de déchets.
« Nous avions constaté des problèmes par temps de pluie, explique Frédéric Decultot, responsable assainissement du syndicat. Lorsque nous avons mis un sonar pour savoir comment curer le puits, nous nous sommes rendu compte que quelque chose bloquait. Une équipe de plongeur est alors descendu pour examiner ce corps étranger. En remontant un bloc de 3 à 4 kg, nous avons compris qu’il s’agissait d’une agglomération de tissus. »
La crainte du syndicat : que cette « torche » se décroche du tuyau dans lequel elle s’était formée. « Cela aurait été une catastrophe, car elle serait tombée au fond du siphon et aurait tout bouché », précise le responsable. Il y avait donc urgence.
Un chantier de près d’un million d’euros
Les travaux ont été lancés au mois de mai. Toutes les nuits, des hommes sont descendus dans le collecteur pour « grignoter » à l’aide de cutter et de crochet la torche. « C’est un véritable travail de mineur dans les eaux usées qui a été effectué pendant six mois », souligne Frédéric Decultot.
« C’est un chantier très particulier et dangereux, poursuit François Cholley (DVD), le président du syndicat. Des hommes sont descendus à l’aide d’une nacelle à 10 m à profondeur, entourés de gaz nocifs. On ne peut pas jeter n’importe quoi dans les eaux usées, mais malheureusement c’est un problème qui se généralise. »
D’ici un mois, le collecteur devrait être de nouveau entièrement opérationnel. « En tout, cela nous a coûté un petit million d’euros, indique le président. Ce sont des dépenses énormes sans compter le personnel mobilisé. »
Lingettes, tampons et autres objets sont à bannir des toilettes
Pour éviter de boucher les canalisations, une seule leçon à retenir : il ne faut rien jeter de solide dans les eaux usées, excepté le papier toilette. Contrairement à ce peuvent imaginer certains, les lingettes, tampons et même les cartons de rouleaux de papiers hygiénique peuvent avoir de graves conséquences.
« Il ne faut pas confondre avec les produits biodégradables, précise François Cholley, le président du syndicat de l’Orge. Même s’ils ne sont pas nocifs, dans les canalisations, ils ne peuvent pas se dissoudre. Surtout, ils permettent à d’autres objets ou à de la graisse de s’accumuler. »
Après la découverte du bouchon de Draveil, François Cholley a envoyé un dossier à Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, pour l’alerter de la situation.
« Les habitants jettent de plus en plus dans les eaux usées, que ce soit du tissu mais aussi du plastique, constate le maire (DVD) de Villemoisson. Cela provoque des bouchons dans les canalisations qui peuvent remonter jusqu’aux usines d’épuration. Les habitants doivent en prendre conscience et changer leurs habitudes